Notre-Dame-Du-Travail

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Aujourd’hui on visite Notre Dame. Pas Notre Dame de Paris sur l’Ile de la Cité bien entendu, je vous emmène hors des sentiers battus. Je parle ici de Notre- Dame-Du-Travail. Au printemps dernier il a beaucoup plu, ne prenant quasiment jamais de parapluie, il m’arrive de me faire surprendre lors de mes déplacements. Surprendre ce n’est pas toujours mauvais, dans surprendre il y a surprise n’est-il pas. Or donc par un après-midi où je devais aller dans le 14ème arrondissement  une violente averse m’a fait entrer dans une église qui d’extérieur est absolument banale.
Une fois à l’abri j’ai découvert une église très particulière à Paris et pas seulement à Paris je pense.

En entrant on est immédiatement surpris par une vaste charpente métallique légère et très lumineuse.
L’église Notre-Dame-du-Travail a été construite au tournant des XIXe et XXe siècles et cette architecture avec les structures apparentes rappelle cette époque : Gustave Eiffel et sa tour, les pavillons Baltard des anciennes Halles de Paris, les charpentes de nombreux ponts métalliques, le métro aérien de Paris etc…
Ce quartier de Plaisance hébergeait à cette époque une population d’ouvriers miséreux, toujours plus nombreuses. Une partie de ceux-ci avait été chargée de monter et démonter les pavillons des expositions universelles de Paris (1889 et 1900).

L’abbé Soulange-Bodin curé de Notre-Dame de Plaisance avait la fibre sociale. Il décide de la construction d’une nouvelle église rue Vercingétorix qui sera dédiée aux travailleurs de toute les classes et qui portera le nom de Notre-Dame-du-Travail.

Jules Astruc sera l’architecte de cette église, il fut élève de l’architecte de la gare d’Orsay et suivra les consignes de l’abbé qui voulait que l’église rappelle à l’ouvrier son usine et ses matériaux. J’imagine bien ce que cela donnerait maintenant !!

D’après certains des morceaux métalliques proviendraient de pavillons d’exposition démolis.
Notre-Dame du Travail ayant été finie juste à la fin l’Exposition Universelle de 1900, les murs des façades furent construits avec des pierres de taille et des moellons récupérés dans divers palais éphémères du Champ-de-Mars.

Ce qui est particulièrement frappant c’est le contraste entre la façade extérieur (pas prise en photo je vous rappelle qu’il pleut!) en pierre de style néo-roman sans intérêt avec cette nef légère et très lumineuse malgré le temps moche dehors.

Cette clarté provient de l’utilisation des poutrelles métalliques et des piliers en fer (plus fins que ceux en pierre).

Sur les cotés les murs sont ornées de grandes peintures murales de style Art déco ou Art nouveau.

12 Responses

  1. esther FR

    Quelle fantastique découverte, une église extraordinaire de part sa structure et son histoire : construite pour que les ouvriers se sentent en pays de connaissance parmi les piliers en fer et les boulons, c’est pas banal !

    En dehors de l’histoire tu en as tiré des photos magnifiques, que ce soit par les structures super graphiques que par les jolis détails des fresques. La lumière est superbe aussi. Un air d’halles ou « grande capacité » j’adore, et je ne saurais choisir entre la couleur ou le noir et blanc. Les couleurs sont douces et le jaune met en valeur la structure, mais le noir et blanc aide à percevoir le rappel des alignements des bancs, des fresques, des poutrelles.

    Un très très bon cru, ce billet touristique hors des sentiers battus, la pluie a du bon finalement, d’autant que l’extérieur n’est pas forcément remarquable. Un petit bijou découvert par hasard, c’est vrai que c’est bon de se faire surprendre !

    • Amor

      Merci Esther. Et vive la pluie donc. Je serais passé devant sans coup férir.
      Autre temps autre mœurs. On est quand même à une époque où les ouvriers n’ont aucun droit si ce n’est de travailler. 1936 est encore très loin. J’imagine l’enjeu de ces expos tout devait être prêt à temps (on est pas à Rio pour les JO).
      La religion est vu comme l’exutoire et la loi de séparation de l’église et de l’état n’est pas encore votée.

  2. Pascal

    Quel sacré découverte. Il n’y a pas eu de hasard ce jour là. La pluie ta volontairement bousculé pour que tu entre dans ce lieu pittoresque, insolite afin de nous conter son histoire. très bel article. La lecture est très agréable. Les photos qui l’accompagnent sont soignées et l’utilisation du noir et blanc pour la structures est bien vu. J’aime beaucoup tes cadrages.

    • Amor

      Merci Pascal et merci la pluie. Même si on a assez soupé de la pluie. J’étais tranquille pour faire mes photos l’église étant déserte.

  3. Marie Le Corre

    Une vraie vraie découverte pour moi et un vrai plaisir car j’aime ces architectures entre classissime et art déco. Merci beaucoup pour ce grand plaisir de découverte et pour la qualité des photos.

  4. Anne LANDOIS-FAVRET

    Waouh, quelle découverte ! Je n’en avais jamais entendu parler. Elle est superbe à l’intérieur, je ne pensais pas que l’on pouvait trouver ce genre d’architecture pour une église. Vu l’époque et le contexte, je comprends mieux, le résultat est vraiment top.

    J’aime beaucoup « bien charpenté », « comme à l’usine » et « arc-boutant métallique » !

    • Amor

      Je pense que cet endroit n’est connu que des paroissiens et des férus d’histoire parisienne, ce que nous sommes maintenant! Vive la photo !

  5. Nanegrub

    « certains des morceaux métalliques proviendraient de pavillons d’exposition démolis. » l’art de la récup…
    À mon prochain passage à Paris, je ne manquerai pas d’aller visiter cette église et ce, même s’il ne pleut pas 😉
    Merci de nous avoir fait découvrir cet édifice.

  6. Donlope

    Belle découverte! c’est un lieu très original effectivement, et je trouve que ça se marie très bien avec l’architecture religieuse!