Les chaises

Classé dans : Série | 8

LA VIEILLE : Ça n’a jamais existé, Paris, mon petit.
LE VIEUX : Cette ville a existé puisqu’elle s’est effondrée.. C’était la ville de lumière puisqu’elle s’est éteinte, éteinte, depuis quatre cent mille ans… Il n’en reste plus rien aujourd’hui, sauf une chanson…
© Eugène Ionesco Les chaises

Dans nos rues elles sont là semblables toujours dissemblables

En groupe ou en solitaire elles se montrent nues

Jours et nuits évanouis de tous nos indispensables

Rêves squelettes témoins usés de vies disparues ;

D’un ailleurs s’immisçant prudemment créant des failles

Prenant possession des espaces mal abandonnés

S’affranchissant des chaînes oubliant un passé mort-né

Obsédantes omniprésentes chaque jour où que j’aille ;

Ritournelle inlassable d’idées s’imprimant en moi

Vestiges enfouis bulles encore fraîches et cependant

Une légèreté angoissante guidait mes émois

Des épreuves oubliées poussière des anciens printemps.

8 Responses

  1. esther FR

    Tu me fais réviser mes classiques, j’avais tout oublié… un très beau texte, ou se mêlent l’absurde et le presque désespéré… c’est les mêmes sentiments que dégagent ces chaises oubliées, des fantômes d’histoires.
    J’ai du mal à y retrouver une pointe d’humour, mais il y a des moments comme ça…

    • Amor

      Oui c’est exact des fantômes d’histoire une chaise pourrait en raconter des chroniques familiales. Mais qui sait, elles ont aussi sans doute des histoires drôles à raconter.

  2. Pascal

    Très beau texte Amor effectivement. Rien de bien triste , juste des secrets bien gardés, des témoins d’une existence…

  3. Lounamai

    J’adore cette série: tu sais mettre en valeur ces objets insignifiants pour leur donner une importance capitale … Et le texte est emprunt d’une sorte de réalisme poétique que l’on retrouve dans tes images
    Bravo quoi !

    • Amor

      Merci Delphine.
      Tu me donne des idées les chaises capitales dans la capitale!

  4. Anne LANDOIS-FAVRET

    Belle brochette de chaises abandonnées à leur triste sort ! 🙂 Ma préférée est la C5, vraiment toute seule et en plus avec un peu de végétation qui rappelle la nature qui reprend ses droits en ville !

    • Amor

      Merci Anne, C5 prise dans une petite allée bucolique de Paris (il y en a).